Du haut de ses 1 mètre 82, Awa Dissa est une imposante femme qui ne passe pas inaperçue. C’est dans son atelier d’exposition, sis à Baco Djicoroni, que nous avons été reçue par la designer, habillée en boubou traditionnel confectionné à la main. Une passion d’enfance qui s’est merveilleusement concrétisée pour cette spécialiste de la mode.
« Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années ». Cet adage résume le parcours de cette brave dame, bambara originaire de Ségou, qui vit en phase avec les réalités sociétales du Mali. Elle travaille avec courage et abnégation dans ses deux ateliers de tissage et de couture, au milieu d’une dizaine d’employés.
Ainée d’une fratrie de 12 enfants, Awa Dissa a bravé les difficultés pour pouvoir s’imposer dans le domaine de la couture traditionnelle. Un dévouement qui lui a valu d’être une icône dans le milieu de la mode. Elle participe régulièrement aux foires et expositions dans la sous- région, mais quelques fois aussi en Europe. Ce qui lui a valu plusieurs distinctions, de nombreuses reconnaissances et encouragements.
Très vite piquée par le virus de la mode artisanale, Awa Dissa, la cinquantaine révolue et mère de quatre enfants, n’est pas passée par quatre chemins après l’obtention de son diplôme d’économie à l’Ecole nationale d’administration (ENA). Elle a d’abord procédé à l’ouverture d’un atelier de couture, une façon pour elle d’apporter sa touche personnelle à la construction nationale. Au lieu d’acheter des produits venant d’ailleurs, elle a préféré créer son propre label à base de produits locaux. Toute chose qui donnera naissance à une petite unité de transformation artisanale du coton qu’elle appellera « Bi dali » pour dire le Kitan d’aujourd’hui, tissage nouvelle génération. Dans son atelier, il y a un volet consacré au tissage et un autre sur la couture. Les tissus sont fabriqués à la suite du tissage. Ils sont ensuite teintés et taillés, avant les mettre à la disposition du consommateur. L’objectif recherché est d’exhorter les maliens à consommer local pour pouvoir booster l’économie du pays, accroitre le pouvoir d’achat et créer de l’emploi. C’est pourquoi, la promotrice s’emploie à convaincre les jeunes de se tourner vers ce secteur porteur, à condition qu’il bénéficie de soutien.
Cependant, le fait que les produits ne soient pas prisés par la population malienne, rend le travail difficile et contraignant. Contrairement aux burkinabés, les maliens semblent consommer un peu moins ce qui est fait chez eux, surtout en matière d’habillement. « Si seulement tous les membres du gouvernement pouvaient s’habiller avec nos tenues, comme le président de la République qui a su valoriser le basin, la population pourrait s’inspirer de cela ». C’est pourquoi, elle lance un appel aux maliens de valoriser la culture malienne en consommant ce qui est produit sur place.