La population malienne a été multipliée par près de 1,5 depuis 1998, ce qui représente un taux de croissance annuel moyen de 3,6%. 47% des habitants ont moins de 15 ans. Ce constat impose au nouveau gouvernement, issu de la récente présidentielle, de faire une priorité de l’éducation et de la formation professionnelle. Le Mali a le devoir d’offrir un avenir à ses enfants et de leurs consacrer beaucoup d’attention et un budget conséquent.
Dans notre société, la place de l’enfant, qui a des droits, ne doit plus être secondaire. Elle doit se situer au cœur des préoccupations des chefs de familles et des dirigeants politiques. L’État malien doit garantir à tout enfant, garçon et fille, qu’il habite Bamako ou dans une région désertique, le droit à l’éducation primaire gratuite et obligatoire car essentiel pour son développement social. Il doit améliorer la qualité de l’éducation et favoriser l’apprentissage ou l’enseignement secondaire, technique et supérieur, en mettant l’accent sur les enseignants et leur formation, sur la pertinence des programmes scolaires et sur la qualité du matériel didactique.
Aujourd’hui, les mécanismes scolaires ou communautaires doivent permettre d’identifier les enfants exclus ou vulnérables et de les aider à entrer à l’école. Ils doivent aussi venir en aide aux jeunes à risque pour trouver des solutions de rechange à la violence et à la criminalité et qu’ils puissent devenir des citoyens en mesure de jouer un rôle positif et productif dans la société. Par ailleurs, faire travailler les enfants doit être une pratique bannie, même en alternance avec l’école, car leur capacité d’apprendre est restreinte en raison de leur fatigue. Il appartient aux autorités d’entreprendre une mobilisation sociale et de sensibiliser les parents à l’importance de l’éducation.
Malheureusement, dans notre pays, la médiocrité des méthodes d’enseignement et d’apprentissage, ainsi que le contenu de l’enseignement dispensé engendre un taux élevé d’abandon en cours d’études. Il y a un manque cruel d’enseignants qualifiés et 57 % d’entre eux ne sont pas au niveau requis. Par ailleurs, l’on sait que la moyenne d’enfants par classe dépasse les 100 élèves et que des records à 300 élèves ont été notés dans certaines classes. Comment peut-on enseigner convenablement dans de telles conditions ? Cette aberration mène aux taux catastrophiques de réussite au bac 31,46 % en 2011 et 12,36 % en 2012, alors qu’il est autour de 80 % en France. En ce qui concerne le milieu universitaire, les bourses sont versées après des mois de retard; la corruption et la tricherie corrompent gravement le système et nuisent gravement à la réputation de nos étudiants qui souhaitent s’expatrier.
C’est l’insuffisance des investissements en faveur des enfants qui est largement responsable de l’échec de leur éducation scolaire. L’éducation et la formation sont un investissement majeur pour la croissance économique. Dans un contexte de mondialisation des échanges et de multiplication des crises financières, sanitaires, climatiques, les déficits de compétences limitent les capacités d’adaptation des pays en développement comme le nôtre.
En matière d’éducation et de la formation des jeunes, les promesses du Président élu devront être formellement tenues, c’est une priorité et un devoir moral. Il en va de l’avenir de nos enfants et de l’avenir de notre nation.
Par Oumou Sall Seck