Elle fait partie de cette génération de maliennes décomplexées et engagées. Propos recueillis par Aissata Ibrahim MAIGA
Maliennemoi vous remercie pour votre disponibilité.
Pouvez-vous-vous présentez s’il vous plait?
Bonjour, je m’appelle Tétou Gologo, artiste malienne, promotrice de la marque Tamacali (www.tamacali.com)
Parlez nous de vos activités?
Tamacali est une entreprise de mise en valeur de la perle. Dans l’atelier, sis à Korofina Nord, nous assemblons des perles, pour en faire des bijoux, des objets de décoration divers, selon mon inspiration. J’ai lancé Tamacali en 2005, et depuis tant bien que mal, nous avançons, malgré les difficultés liées à la nature du travail, mais aussi à la crise dont le Mali se remet.
Je travaille en externe avec des bijoutiers, un Dogon qui travaille à l’artisanat et une famille touareg, qui est à Ngolonina. Ils réalisent pour nous des formes et divers éléments, en métal (bronze, argent, nickel). Je travaille aussi avec un artiste ivoirien à qui je commande parfois des formes en corne.
Il s’agit de proposer des produits de qualité, et créatifs, portant fièrement la mention « made in Mali »
Justement comment est venu l’idée de vous lancer dans ce domaine?
Je pense qu’il y a eu un concours de circonstances qui m’a mis dans les dispositions. J’avais envie de changer de vie, entretemps, par la grâce d’un chagrin d’amour je me suis découvert un talent. J’ai pu puiser en moi la force et le courage nécessaire pour donner un tournant à ma vie.
De formation, je suis interprète/professeur de langues. J’ai fait mes études en Russie et obtenu mon diplôme universitaire en 1992. Avant de lancer Tamacali, je travaillais dans une grande société.
Qui sont vos clientes?
Mes clientes, comme j’aime le définir, sont des femmes « qui n’ont pas peur du regard », car parfois il s’agit d’œuvres à l’allure imposante. Mais même quand elles sont simples, il paraît qu’elles attirent le regard !
J’ai des client(e)s de toutes nationalités et de toutes les couches sociales pratiquement. C’est du travail d’artiste, et je pense qu’il faut qu’il y ait un coup de cœur !
Au niveau international, vous avez été le porte drapeau du Mali à plusieurs rencontres, comment aviez vous vécu ces moments? Comment sont accueillies vos créations?
Oui, j’ai effectivement eu l’occasion à plusieurs reprises de participer en tant que malienne à des événements internationaux. Parfois sur « invitation » du Mali, mais le plus souvent, par rapport à des personnes rencontrées à Bamako ou lors de précédents voyages. J’ai toujours participé avec beaucoup de fierté à tous ces événements qui m’ont menée en Europe, en Amérique, En Afrique, En Orient.
Et chaque fois, je n’ai eu qu’une chose en tête, et qui d’ailleurs me vient assez naturellement. C’est de me positionner en Ambassadrice de la Femme Malienne, du Mali, de l’Afrique en général.
Je dois avouer, que généralement les gens craquent et pour le personnage et pour son travail.
Peut-on vous qualifier de pionnière de l’artisanat malien?
Oh que non ! Loin de là. Vous savez l’artisanat est un très vaste domaine. Ne sommes nous d’ailleurs pas toutes artisanes? Nous les femmes africaines?
Je ne fais que suivre les traces de mes ainées, et j’espère donner envie, et ouvrir la voie à des cadettes.
Quel doit être le combat des femmes maliennes pour leur autonomisation financière et pour le développement du pays?
Nos femmes se battent déjà beaucoup. Vous savez, comme je suis moi, je vais dire quelque chose de pas commun… Le principal défi, de nos jours, est de faire garder aux femmes ce courage qu’elles ont toujours eu. Cette force innée en elles qui fait d’elles les piliers de la Société. Je pense que pour avoir une véritable mesure de la contribution déjà effective des femmes dans le développement du pays, il faudrait faire une sorte de jour où les femmes ne feront rien…Après on demandera aux hommes, nos moitiés, papas, frères, de faire le bilan en terme économique, d’organisation, d’affection etc.
Maliennemoi est désormais l’espace des femmes maliennes partout où elles seront, une belle initiative ?
Oui, et ce n’est qu’un argument de plus, en faveur de ce que j’ai dit plus haut! Et merci d’aider la femme malienne à se réconcilier avec elle même, et même si d’aventure personne ne semblait voir les efforts, cela n’enlève en rien en leur valeur!
Tres bonne interview! En plus j’adore ce qu’elle fait!!!! Encore bravo